Édito

Courage, fuyons!

Courage, fuyons!
KEYSTONE
Suisse

Le débat qui devait avoir lieu mardi à l’université de Fribourg entre le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), Ignazio Cassis, et son homologue slovaque, Juraj Blanár, a été annulé 1>Le Courrier du 20 novembre.. Une décision qui s’explique par l’annonce d’une manifestation des milieux estudiantins pro-palestiniens.

Le recul a été justifié par des considérations de sécurité… La petite vingtaine – plutôt une grosse dizaine – de manifestant·es fait effectivement peur à voir. Des jeunes, portant l’un un badge, l’autre un drapeau, plus deux ou trois pancartes avec des slogans demandant un cessez-le-feu, Fribourg était effectivement en état insurrectionnel.

Des voix à droite se sont immédiatement fait entendre pour stigmatiser, une fois de plus, une jeunesse hostile au débat et prenant la démocratie en otage. «Jusqu’à quand peut-on tolérer qu’une frange radicalisée des étudiants impose sa loi à l’Université et impose de quels sujets l’on peut débattre et avec qui», tonne la NZZ2>NZZ du 20 novembre.. On rétorquera que c’est le DFAE qui, par son attitude pusillanime et pétocharde, est seul responsable de cette annulation. Et surtout, jusqu’à nouvel ordre, le droit de manifester est un droit fondamental que ces mêmes contempteurs semblent prendre à la légère. Le tract appelant au rassemblement était d’ailleurs poli et circonstancié.

Il eût sans doute été plus confortable pour le conseiller fédéral de débattre tranquillement des enjeux de l’Etat de droit dans un monde de plus en plus polarisé avec son homologue slovaque – d’ailleurs loin d’être un modèle en matière de démocratie en raison de son positionnement pro-russe, et membre d’un gouvernement peu respectueux de la liberté de la presse. Mais on est en droit d’attendre d’un membre de l’exécutif fédéral qu’il soit en mesure de répondre à des jeunes militant·es sur ses déclarations et sa posture pro-israélienne. Par exemple son rôle dans le lâchage honteux par la Suisse de l’UNRWA, l’organisme onusien d’aide aux Palestinien·nes.

Si M. Cassis se défile piteusement devant quelques étudiant·es qui le mettent face à ses contradiction entre la doctrine de la Suisse en matière de politique étrangère et son agenda personnel controversé, comment imaginer qu’il soit en mesure de mener un action un tant soit peu volontariste face à des homologues autocrates qui ne comprennent que les rapports de force? La réponse est dans la question.

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Opinions Édito Philippe Bach Suisse

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